Les Vienne, boulangers de père en fils depuis cinq générations à Bois-Grenier
Ils ont fait et font encore la vie de nos communes. Boucher, boulanger ou encore gérant de café, cet été nous vous emmenons à la rencontre des plus anciens commerçants de l’Armentiérois. Aujourd’hui, rencontre avec la famille Vienne, boulanger à Bois-Grenier depuis la seconde moitié du XIXe siècle.
Par Francis Collet (Clp) |
La famille Vienne s’est installée à Bois-Grenier au début de la seconde moitié du XIXe siècle, un peu après la création de la commune. Depuis, elle assure le pain quotidien des Grenésiens.
L’arrière-arrière grand-père, Henri, était armentiérois. Son fournil se trouvait dans une cave qui jouxtait celles de l’hôtel de ville utilisées comme prison. Victime de l’humidité insalubre qui polluait les lieux, asthmatique, il quitte les lieux pour la campagne, plus saine.
Avant l’arrivée de l’électricité, c’est un gros chien dans une roue qui fait tourner le pétrin. Les livraisons se font alors à cheval.
L’arrière-grand-père, Alfred, aura à reconstruire ses bâtiments après la guerre 14-18. La boulangerie devient aussi café et épicerie. Sa femme Angèle organise même des banquets à l’étage pour des associations locales. Pour l’essentiel, Alfred travaille avec les fermiers des alentours qui lui déposent leur farine et reprennent le pain.
Avant l’arrivée de l’électricité, c’est un gros chien dans une roue qui fait tourner le pétrin. Les livraisons se font alors à cheval, des chevaux achetés au Croisé-Laroche.
L’Atelier des saveurs en 2006
Avec le grand-père Alfred junior, le commerce ne connaît pas de grands changements. Fait prisonnier lors de la Seconde Guerre Mondiale, il est libéré pour raisons professionnelles, la fabrication du pain étant vitale. Il a deux frères, l’un sera boulanger à Santes, l’autre à Auchy-les-Mines, vocation familiale oblige.
Le père, Robert, travaille avec son propre père de 1962 à 1981. Il assure six tournées hebdomadaires, dont celle du samedi qui débute à 15 h pour s’achever à 21 h. Le « Décret pain » de 1993, pris sous le gouvernement Balladur, est pour lui essentiel ; il sauve le pain de tradition française dangereusement menacé par le pain industriel distribué par les grandes surfaces. Robert, malgré les réticences de son père, adopte les progrès de la mécanisation qui touchent son artisanat.
Son fils, Benjamin, 35 ans aujourd’hui, fonde avec Robert, en 2006, L’Atelier des saveurs. Ils travaillent ensemble une dizaine d’années à la recherche d’un équilibre entre expérience et nouveauté. Autonome aujourd’hui, Benjamin Vienne est à la tête d’une entreprise qui emploie six personnes, dont deux apprentis.
La passion de l’artisanat
En 1999, Benjamin obtient son Bac S, mention très bien. Ses condisciples ne le prennent pas du tout au sérieux lorsqu’il leur confie qu’il veut être boulanger, ce qui l’agace beaucoup. Il y voit « la marque d’une société pour qui le travail manuel serait réservé aux individus en difficultés scolaires, ce qui est aberrant. » Après six mois de formation accélérée à Rouen, il entreprend une sorte de tour de France pendant plus de cinq ans, un apprentissage sur le tas qui lui fait découvrir des techniques de travail très différentes, et qui développe sa passion de la création. Celle-ci se heurte parfois à quelques clients fantaisistes, heureusement rares, qui, ayant trouvé une pâtisserie sur Internet, lui demandent de la réaliser... pour le lendemain. Mais c’est surtout la gestion du personnel qui lui pose problème. En effet, beaucoup d’apprentis formés refusent la profession et ses horaires contraignants. Aujourd’hui, Benjamin travaille avec l’aide de sa maman Huguette et de sa femme Sue Ellen.
Les commerçants de nos villages LA VOIX DU NORD du 16 août 2017
